Certains patients nécessitent une prise en charge spécifique dans l’aide au sevrage tabagique. En effet, de par leurs comorbidités, leur parcours de vie, leur situation personnelle, leur âge, il leur sera particulièrement difficile d’arrêter de fumer. Afin d’éviter de nombreuses rechutes et un découragement il vaut mieux prendre en charge dès le départ les spécificités de ces populations particulières. C’est l’objectif de cette rubrique.

Le tabagisme commence le plus souvent à l’adolescence, période psychologiquement complexe durant laquelle le cerveau est encore en plein développement (y compris du nombre de récepteurs nicotiniques ). La dépendance est donc plus rapide que chez l’adulte. L’adolescent est peu intéressé par les effets sur la santé, le coût du tabagisme peut être une meilleure motivation à l’arrêt.

L’idée selon laquelle il ne faut pas sevrer un patient psychiatrique est ERRONÉE, d’autant plus que le taux de mortalité par maladies cardiovasculaires est important dans cette population. Le tabac est souvent utilisé comme automédication (parce qu’il y a une libération de sérotonine sous l’influence de la nicotine). Le sevrage concomitant de l’alcool devrait être encouragé vu que la consommation d’alcool augmente le « craving tabagique ».
Patient·e anxieux·se
Patient·e schizophrène / patient·e bipolaire
Le patient schizophrène fume beaucoup, commence très jeune et est très dépendant. La réduction du risque par une diminution de la consommation est une alternative si l’arrêt semble impossible. Les patients bipolaires sont très dépendants, plus encore que les schizophrènes, et ils sont peu compliants à la diminution.
Patient·e dépressif·ve
La sensation de dépression qui accompagne l’arrêt du tabac est plus importante chez les personnes avec des antécédents de dépression. Le tabac masque les signes de dépression qui vont se révéler lors du sevrage.

1er facteur de risque modifiable de complications de la grossesse, de prématurité, et de faible poids de naissance. Dès l’idée de conception, il faut motiver la future femme enceinte à l’arrêt. De plus, fumer réduit les chances de conception/cycle (chez l’homme, altération du spermogramme / chez la femme, altération de la motilité ciliaire, augmentation du risque de GEU, …).
Principaux toxiques incriminés :
- Nicotine : se retrouve dans le liquide amniotique, augmente FC et VC des artères utérines.
- NO, radicaux libres et métaux libres : effets néfastes sur la croissance fœtale, l’immunité, …
- CO : Affinité Hb fœtale pour le CO 400 x supérieure à celle pour l’O2 (adulte : 240 x) => transfert CO maternel vers le fœtus ! De plus, la ½ vie du CO chez le fœtus est de 20h ; il est donc en constante hypoxie !
=> Le plus gros risque est l’imprégnation en CO (favorise les RCIU, les décollements placentaires, les hématomes rétroplacentaires et le risque de thrombose conséquence indirecte de l’anémie fonctionnelle par augmentation de l’hématocrite).

Consommé sous forme de résine, d’huile ou d’herbe ; il peut être fumé, vaporisé, mangé, …
Risques ?
- Moindre dépendance que le tabac mais mêmes risques si associé (double consommation ou mélange fumé)
- Diminution de la capacité de concentration et altération de la mémoire
- Ischémie des membres inférieurs et supérieurs + Effets additionnels du tabac et du cannabis sur les risques de cancer et les BPCO
- Prévalence augmentée de schizophrénie et d’autres psychoses
- « Bad trip » avec crises d’angoisse, psychotiques, …
- Prise de risque inconsidéré, isolement social, accidents de la route, décrochage scolaire
- Coût important, risques liés à la qualité aléatoire de la substance, substance illégale => poursuites possibles

- Forte dépendance et consommation: réveils nocturnes pour fumer, cigarette au lever, jusque 60 cig/j (équivalence en nicotine si tabac roulé..)
- Pas d’intention d’arrêter (pas de volonté d’arrêter, plusieurs tentatives sans succès, doutes sur la toxicité…).
- 5 à 10% de la population de fumeurs. Fument depuis longtemps. Débuts fort précoces. Homme > Femme. Revenus et niveau de formation peu élevés.
- Peu de barrière à la consommation de tabac (au niveau professionne, à la maison, dans l’entourage). Souvent polyconsommation.
- Consultent peu, pas sensibles aux campagnes de prévention ni à l’augmentation des prix.

- 20% des fumeurs
- Fument > 25 cigarettes/j, forte dépendance à la nicotine mais souhait d’arrêt
- Échecs répétés des tentatives de sevrage, perte de confiance en soi.
- Comorbidités psychiatriques fréquentes
- Comorbidités somatiques fréquentes (BPCO, maladies cardiovasculaires, …)
- Précarité sociale fréquente
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