20/04/2023

1. Quelles tâches d’un MG/d’une pratique de MG ne sont pas – ou pas suffisamment – financées ?

  • Les tâches administratives, médicales ou non-médicales (suivi, contrôle, encodage, mise à jour de dossiers en permanence, etc.) ;
  • La construction d’une relation médecin/patient·e, qui est importante mais chronophage ;
  • La qualité scientifique des informations données aux patient·es, qui nécessite de rester à jour ;
  • Les visites à domicile, essentielles à une partie de la population mais qui demandent du temps et de la disponibilité ;
  • Les contacts interdisciplinaires entre professionnel·les suivant un·e même patient·e ;
  • La garde, qui devrait être revalorisée (et la garde de nuit supprimée) ;
  • Les soins complexes, les assuétudes et la prévention, qui nécessitent une prise en charge plus longue et complexe ;
  • La participation à la recherche scientifique ;
  • Les actes techniques, qui ont une plus-value et sont à revaloriser (actes dermato, gynéco, échographies, sutures, ponctions/infiltrations, spirométries, etc.).

2. Quels mécanismes pour garantir l’accessibilité de la pratique de MG ? 

  • Augmenter le nombre de médecins ou diminuer le travail superflu ;
  • Faciliter l’embauche de support administratif via un organisme externe ;
  • Augmenter la littératie en santé de toute la population ;
  • Permettre (sans rendre obligatoire) la suppression du ticket modérateur pour augmenter l’accessibilité financière ;
  • Diminuer la charge administrative ;
  • En cas de délégation des tâches, les mettre sous la responsabilité du personnel paramédical ;
  • Financer la pénibilité et la volonté de prendre en charge plus de patient·es, pour un meilleur équilibre travail/vie privée.

3. Quels mécanismes pour assurer la qualité des soins ? 

  • Donner l’occasion aux médecins de s’engager dans la qualité, et valoriser financièrement cet engagement ;
  • Promulguer en tant qu’organismes accréditants les structures sérieuses et pérennes, et chasser l’excès de formation accréditantes qui n’en sont pas ;
  • Confier la gestion du personnel (secrétariat, assistant·es de pratique, etc.) et tous les aspects liés aux ressources humaines à un organisme extérieur ;
  • Mieux financer ce personnel, c’est-à-dire directement, totalement (pas partiellement) et indépendamment de l’honoraire du médecin ;
  • Ne plus réfléchir en termes de rendement car pour améliorer la qualité, il faut arrêter de chercher une rentabilité horaire.

4. Comment envisager la continuité relationnelle et la gestion du lien formalisé entre patient·es et pratique de MG dans un nouveau mode de financement ? 

  • Un financement mensuel ;
  • Un financement capitalisé par mois pour ne pas chercher à faire de l’acte à tout prix ;
  • La reconnaissance des troubles anxio-dépressifs comme pathologie chronique ;
  • La reconnaissance du statut social et du niveau d’éducation des patient·es comme critères de lourdeur ;
  • La formalisation de l’attachement du·de la patient·e à une pratique via le DMG/la signature électronique (pour autant que le·a patient·e en soit informé·e correctement et puisse le révoquer librement). Cet attachement doit pouvoir être visible par le médecin via ses outils numériques (nombre de DMG, caractéristiques socio-économiques des patient·es, âges, etc.).

5. Quel mode de financement pour quelles activités du paquet de soins, dans un futur modèle ? 

  • Financement à la prestation : actes techniques, visites à domicile ;
  • Financement à la capitation : heures de travail administratif, consultations en horaire normal, toutes les réunions de type médical ;
  • Financement de la pratique : investissement en matériel de soin, campagne de promotion de la santé, dépistage, besoins locaux, personnel salarié, investissement locaux, permanence horaire pénible, garde ;
  • Financement spécifique nécessaire : réunions d’investissement dans la défense professionnelle, recherche scientifique, formation continue – dans un forfait à part de l’administratif inclus dans le temps de travail de l’horaire normal.

Conclusion : nos positions générales

A la SSMG, nous avons un idéal qui guide notre réflexion : 1 patient·e = 1 médecin. La relation médecin/patient·e doit rester prioritaire dans ce qu’elle a d’intime.

Il est important de garder à l’esprit que la pratique de MG d’aujourd’hui demande de nouvelles compétences, comme la gestion des ressources humaines ou le management. Les MG ne sont évidemment pas formés à ces fonctions, il y a donc un risque d’approche « amateur » de celles-ci.

Il faut aussi comprendre que depuis le COVID, il existe un risque plus élevé de déconventionnement des médecins. Cette tendance n’est pas nouvelle mais s’est accélérée récemment, et représente un danger pour la sécurité tarifaire.

Un système de santé de qualité et participatif a un coût, qui peut s’avérer plus grand que l’enveloppe budgétaire. Cet investissement, pécunier et humain, est néanmoins nécessaire au bon fonctionnement de la société.

Enfin, les études sociologiques récentes montrent qu’à toute chose égale, les jeunes générations privilégieront le temps comme valeur plutôt que l’engagement, l’argent ou la reconnaissance. Les jeunes médecins ne travailleront donc pas plus, même pour une plus grande rémunération. En revanche, ils et elles peuvent travailler mieux afin de dégager un temps raisonnable pour leur vie privée. L’enjeu des discussions sur le financement est de valoriser ce temps, plutôt que de proposer une contrepartie financière aux MG.

Retrouvez aussi nos positions sur les précédents thèmes :

  • Thème 1 (Qu’attend-on d’un cabinet de 1ère ligne ? Quel paquet de soins un (cabinet de) MG doit-il offrir sur la base d’une responsabilité définie pour des soins fondés sur des données probantes ?)
  • Thème 2 (relation avec le·a patient·e)
  • Thème 3 (professionnel·les de soutien à la pratique)