16/09/2022

Le groupe de réflexion Belche – Van den Bruel s’est réuni pour la première fois. La SSMG y était présente afin de discuter de la première question posée par le New Deal et des thèmes qui en découlent :

  • Qu’attend-on d’un cabinet de première ligne ? Quel paquet de soins un (cabinet de) médecin généraliste doit-il offrir sur la base d’une responsabilité définie pour des soins de médecine générale fondés sur des données probantes ?

Vous trouverez ci-dessous un résumé de nos positions sur chacun de ces thèmes :


La fonction de triage/diagnostic et accès non-sélectif

Nous devons garantir aux patient·es un contact avec le médecin généraliste de leur choix, à leur demande, dans un temps court, géographiquement proche et à un coût qui n’engendre pas d’exclusion de fait. Conservons la fonction de triage non-sélectif et non-restrictif mais sortons de l’état de fait actuel que le médecin généraliste, à lui seul, assume la charge et la responsabilité de ce triage et le supporte sur ses honoraires.

La pratique de médecine générale devrait pouvoir organiser son support, financé durablement sur un autre modèle que celui des honoraires.

Des formations en management et coordination devraient être au programme de la formation continue des médecins généralistes.

N’imposons pas le « gatekeeping » de la première ligne mais incitons la deuxième ligne à des accès « fast track » pour les patients adressés par les systèmes de première ligne.

Enfin, il faut une amélioration des systèmes électroniques de communication à destination des spécialistes et à travers les DMI afin de sortir de l’ère hybride papier + électronique.


La fonction d’actes médicotechniques

Les médecins généralistes devraient pouvoir réaliser des actes techniques à l’aide d’appareillages (dont des échographies) dans certains domaines précis (dépistage, diagnostic, suivi).

Ne prenons pas en charge ce qui relève de l’aide médicale urgente spécialisée, en-dehors de l’aide médicale en cas d’urgence que tout médecin doit pouvoir tenter, mais revalorisons les actes de petite chirurgie (ex : exérèse de lésion superficielles, biologie et prélèvements, punchs, ponctions et infiltrations).

Il doit y avoir plus de formations qualifiantes et continues dans les domaines techniques.


Les soins aux malades chroniques ou multimorbides

Gardons la prérogative des soins aux malades chroniques et multimorbides en renforçant notre efficacité. Gardons une relation proche, de confiance avec les patient·es.

Nous devons renforcer notre rôle de coordinateur·ice et le suivi des patient·es stables avec du personnel qualifié dans l’esprit d’une aide à la pratique supervisée.

Il faut investir dans la littératie en santé afin de diminuer le recours au système de soins et d’augmenter l’efficacité de la prévention primaire.

Enfin, il faudra repenser les outils informatiques actuels (de collecte de données) vers des outils orientés vers le « health management ».


Les soins complexes à domicile

Les médecins généralistes ne considèrent pas cette fonction comme faisant partie de leur travail. Ils ne désirent pas non plus être le faire-valoir ou le service après-vente de l’organisation hospitalière à laquelle ils n’ont pas voix au chapitre.

Par contre, il peut être intéressant de pouvoir bénéficier d’un soutien pour des traitements à domicile instauré à l’initiative du médecin généraliste et sous sa responsabilité dans le respect de ses compétences.


Les soins palliatifs

Considérons les soins palliatifs ambulatoires comme une compétence propre, nécessaire et indispensable au confort du/de la patient·e et permettant la réduction des durées d’hospitalisation.

Il faudra revoir le financement pour la collaboration interdisciplinaire et la coordination avec les différents intervenants, ainsi que définir un système d’honoraire qui tienne compte de la pénibilité de la tâche correctement accomplie et du matériel nécessaire.

On pourrait se pencher sur la problématique des soins palliatifs en MRS, qui pourraient être assumés par le médecin coordonnateur.

Réduisons la charge administrative dans la déclaration des soins palliatifs en informatisant le processus à la manière de ce qui est fait par la CIM dans les demandes de remboursement chapIV. Obligeons aussi les fournisseurs de logiciels à développer des outils d’aide à la gestion interopérables avec les autres dispensateur·ices de soins et à rendre disponibles les données de santé du dossier aux intervenant·es.

Il est nécessaire d’intégrer le médecin généraliste dans le circuit de soins hospitaliers oncologiques, en renvoyant régulièrement le·a patient·e en médecine générale afin qu’il·elle puisse discuter (ainsi que sa famille) avec un médecin qui n’est pas oncologue.

Il faut pouvoir garantir un accès à une deuxième ligne comme une équipe mobile de soutien (intervision) pour les cas complexes.

La réflexion autour des soins palliatifs doit être accompagnée d’une réflexion sur l’euthanasie.


L’accessibilité du patient aux heures ouvrables

Demandons aux autorités un débat afin de définir précisément la notion d’heures ouvrables et raisonnables de la pratique ambulatoire ainsi que le temps de travail effectif du médecin généraliste.

Il faut penser urgemment un système de première ligne qui prendrait en compte un « temps de travail effectif » du médecin généraliste < 50 heures hebdomadaires.

Considérant que le médecin généraliste est plus efficace frais et reposé en journée qu’après une nuit de garde et une journée de 12h, le système de garde tel qu’il est subi par la profession doit être modifié.


Les soins préventifs individuels et collectifs

La promotion de la santé n’est pas un rôle que peut remplir le médecin généraliste actuellement, dans une vision large et avec un impact populationnel. Son rôle est de dispenser des conseils santé de manière individuelle en consultation sous forme d’interventions brèves.

Des aides de pratique devraient être mises en place, pour se charger de la promotion de santé, de la prévention spécifique et ciblée. Le médecin généraliste pourra se concentrer sur la prévention générale de la patientèle pour autant qu’il dispose d’un outil informatique puissant permettant de disposer de toutes les informations nécessaires.


Les tâches administratives médicales

Il faut digitaliser toutes les procédures d’évaluation du handicap, de formulaire APA, retirer aux médecins généralistes la responsabilité de la demande de place de stationnement pour PMR, limiter les demandes de formulaires par le·a patient·e sur l’année ou coordonner les administrations afin qu’elles utilisent celui qui a déjà été rédigé, et stopper les demandes d’évaluation régulière pour des personnes dont les pathologies n’évolueront plus (aveugles, amputé·es, etc.).

Incitons les spécialistes à rédiger leurs AMU et leurs documents lors de leurs propres consultations, à digitaliser les demandes à l’attention des CPAS.

Suivons les recommandations concernant les certificats parapluies décrites dans l’initiative « crocodile bleu ».

Supprimons les demandes d’aptitudes au sport pour les sportif·ves de moins de 40 ans.

Il faudrait également supprimer les demandes de non-contrindications psychologiques ou d’aptitude à la fonction pour les étudiant·es en soins de santé et les remplacer par une consultation ou une évaluation de psychologie comportementale lors de leur cursus.

Obligeons les écoles à donner suite via les structures PMS à toute attestation « dixit », surtout lorsque l’enfant présente un retard, un décrochage ou une boucle de faux motifs et encourageons un meilleur dialogue entre PMS/école/médecin généraliste.

Il faudrait digitaliser les envois d’ITT aux mutuelles et aux patient·es.

Rendons la rédaction du SUMEHR obligatoire pour tout nouveau DMG afin de garantir la continuité des soins.

Pour finir, il faut rendre possible l’envoi digitalisé de documents à destination du/de la spécialiste et des urgences, et que ces structures les lisent.


Les activités de soins hors contacts patients

Nous devons disposer d’outils informatiques permettant de réaliser une veille de la patientèle. Obligeons les sociétés informatiques à développer des logiciels sur le mode « compliance by design ». Nous devrions aussi pouvoir changer facilement de logiciel informatique et y inclure des systèmes de « health management » et de support décisionnel. Apportons une attention particulière à l’informatisation des autorités.

Il faudrait valoriser les activités de coordination, de recherche sur des situations complexes, de formation continue.


La fonction d’acteur de la santé de la population

Il faudrait réformer le système de garde afin qu’il soit compatible avec les objectifs de réduction horaire des médecins généralistes <50h/semaine. Nous devons également considérer la suppression de la nuit noire ainsi que de la garde obligatoire de soirée si les effectifs sont réduits à tel point qu’il devient déraisonnable de poursuivre ou de la financer correctement.


La fonction de gestionnaire de la pratique

Il faut reconnaitre la fonction de gestionnaire de pratique comme une fonction essentielle et nécessaire et la valoriser financièrement.

Nous devrions réfléchir à une fiscalité propre des ASI comme organisme de santé publique.


L’assurance de qualité

Le médecin généraliste doit rester touche-à-tout. Il est le spécialiste de la vision globale mais dans un système intégré, il peut aussi disposer d’une qualification dans un domaine. Ces qualifications pourraient être valorisées comme « bonus » lors du financement de la structure pour autant qu’elles soient réalisées et que le niveau local en ait démontré le besoin.

Recueillons par questionnaire la satisfaction des patient·es, premier·ères usager·ères de ce système, afin de pouvoir en améliorer la qualité. Ce pourrait être une tâche du gestionnaire de pratique.

Au niveau professionnel, il faut pouvoir récupérer une capacité à poser des diagnostics ou à dépister efficacement.

Professionnalisons la formation continue des sociétés savantes et subsidions-là afin de mettre un terme aux dérives constatées sur le terrain.