En Belgique, l’IMC moyen et le nombre de personnes en surpoids ou obèses ne cessent d’augmenter.
Il paraît donc essentiel de sensibiliser face à ce phénomène et de promouvoir l’adoption d’une alimentation saine, combinée à la pratique d’activités physiques.
IMC chez l'enfant
L’INDICE DE MASSE CORPORELLE (IMC) chez l’enfant
En pratique clinique, l’adiposité peut être évaluée par l’Indice de Masse Corporelle (IMC) qui est un bon reflet de la corpulence. L’IMC est aussi appelé Indice de Quetelet (IQ) ou Body Mass Index en anglais (BMI).
Chez l’enfant, on utilise également l’IMC pour évaluer la corpulence.
En effet, l’IMC est significativement associé avec la masse grasse chez l’enfant et est la façon la plus commode pour mesurer l’adiposité relative.
REMARQUE :
La valeur de l’IMC comme mesure de l’obésité pédiatrique a été estimée dans de nombreuses études cliniques et
anthropométriques. Son efficacité en tant que moyen correct de dépistage des enfants obèses a été évaluée par comparaison aux «gold standard» que sont les méthodes de mesure directe de l’adiposité (MEl 2002, REILLY 2002, SIGN 2003).
Diagnostic de l'obésité chez l'enfant
Diagnostic de l’obésité chez l’enfant
Selon les experts de l’ANAES, le diagnostic précoce de l’obésité repose sur la mesure régulière et répétée du poids et de la taille des enfants, le calcul de l’IMC et son report sur les courbes d’évolution de la corpulence en fonction de l’âge et du sexe (ANAES 2003).
D’après les pédiatres experts contactés, le calcul de l’IMC doit être fait au moins une fois par an, chez tous les enfants.
L’obésité est définie comme un excès de masse grasse (adiposité) ayant des conséquences néfastes sur la santé, physique et mentale.
La façon la plus commode pour mesurer l’adiposité relative chez l’enfant est de calculer son Indice de Masse Corporelle ou IMC.
IMC = Pois (kg) / Taille² (m)
Les valeurs d’IMC doivent être reportées sur des courbes d’évolution de la corpulence en fonction de l’âge et du sexe.
Obésité de degré 1 (Surpoids) = IMC situé dans la zone comprise entre la courbe rejoignant l’IMC de 25 à 18 ans (proche du P97) et la courbe rejoignant l’IMC de 30 à 18 ans.
Obésité de degré 2 (Obésité) = IMC situé au-dessus de la courbe rejoignant l’IMC de 30 à 18 ans.
Perte de poids et régime alimentaire
L’instauration d’un régime alimentaire englobe les éléments suivants:
• Partir d’une alimentation saine et variée en se basant sur le principe du triangle alimentaire;
• Partir du modèle alimentaire du patient sur la base d’un journal (auto-surveillance) 47 ;
• Veiller au suivi par un(e) diététicien(ne).
Le point de départ d’un régime alimentaire à restriction calorique est une alimentation saine et variée.
Le triangle alimentaire constitue un bon moyen pour indiquer au patient les bons choix et les bonnes proportions.
On y trouve également les quantités qui peuvent servir de point de comparaison. Le principe de base est qu’un patient qui présente une surcharge pondérale suive un régime alimentaire déséquilibré qui peut s’expliquer par le saut des repas principaux (par exemple, le petit déjeuner), entraînant une consommation de petits en-cas tout au long de la journée. D’ordinaire, on retrouve de mauvais choix (beaucoup de frites, de sucreries, de biscuits, …), des modes de préparation inappropriés, de la restauration rapide, des boissons alcoolisées et rafraîchissantes, etc.
Voici quelques conseils utiles que peut donner le généraliste :
- Un régime alimentaire à restriction calorique équilibré se caractérise par trois repas avec trois petites collations. Le saut d’un repas (par exemple, le petit déjeuner) est une mauvaise habitude parce qu’il entraîne, tout au long de la journée, une tendance à calmer sa faim par toutes sortes d’en-cas qui sont généralement très caloriques et la cause d’un apport énergétique supérieur.
- Il faut surtout mettre l’accent sur la limitation de la consommation de graisses et de sucres rapides. La base de chaque repas doit être composée d’une source de sucres lents riches en fibres (pommes de terre, pain complet, riz ou pâtes complets). Il suffit souvent d’abandonner les en-cas (sucreries, chips, noix, biscuits, boissons rafraîchissantes, boissons alcoolisées). Cela permet d’obtenir par jour une différence de l’ordre de 200 (2 verres de limonade ou de bière, sachet de chips à 30 g, 2 pralines, 1 petit sachet de frites de 150 g sans mayonnaise) à 500 kcal.
- La meilleure boisson pour étancher sa soif est l’eau. Les boissons rafraîchissantes contiennent beaucoup d’hydrates de carbone, qui sont rapidement assimilés par le sang. Un jus de fruit contient par portion autant d’énergie que les boissons rafraîchissantes. Les boissons rafraîchissantes « light » peuvent éventuellement être prises à la place des boissons rafraîchissantes classiques mais elles entretiennent l’habitude au goût « sucré ».
- Le choix des matières grasses pour l’équilibre en acides gras doit être fait en concertation avec un professionnel de la santé.
- Les fruits et légumes occupent une place importante dans une alimentation saine. Ils ont une faible valeur calorique et sont riches en fibres alimentaires (solubles), en vitamines, en minéraux et en substances bio-actives.
- Une alimentation appréciée sur le plan gastronomique ne doit pas contenir en soi beaucoup de graisses.
- Il est important de partir du schéma alimentaire du patient. Le médecin généraliste peut faire écrire par le patient tout ce qu’il mange et boit au cours d’une semaine. Dans ce journal, le patient note soigneusement ce qu’il mange et en quelle quantité, en précisant aussi le lieu, le moment, la fréquence et les circonstances.
Il peut apporter ce journal à une consultation ultérieure chez son médecin généraliste ou le remettre directement au (à la) diététicien(ne).
En partant de son journal, le patient peut alors être incité à apporter des modifications à certains aspects bien définis de son schéma alimentaire: moins grignoter entre les repas, consommer plus de fruits et de légumes, etc. (voir plus haut). Le travail avec un journal et une auto-surveillance exige beaucoup de temps et n’est généralement pas réalisable dans la pratique de la moyenne des généralistes. C’est pourquoi un renvoi vers un(e) diététicien(ne) est souvent nécessaire. - Un interrogatoire plus ou moins approfondi de ce que le patient mange habituellement et des moments où il mange donne une idée de ses habitudes alimentaires et des circonstances (situation de travail, situation familiale, connaissance alimentaire, …) qui co-déterminent son schéma alimentaire (= anamnèse alimentaire!). Une anamnèse almentaire approfondie prend environ une heure. Un bon interrogatoire et le calcul des substances alimentaires sous- entendent une très bonne connaissance de la technologie des produits alimentaires tant des techniques de préparation que de l’estimation des quantités.
L'assiette idéale
L’assiette idéale sert de repère rapide afin de faciliter l’équilibre entre les 3 groupes d’aliments
- Protéines (1/4 de l’assiette)
- Hydrates de carbone (1/4 de l’assiette)
- Végétaux (1/2 de l’assiette)
Référer à un(e) diététicien(ne)
Il est judicieux pour un médecin généraliste d’orienter son patient vers un(e) diététicien(ne).
Un «régime alimentaire» prescrit doit satisfaire aux exigences suivantes:
- être équilibré, sain et varié ;
- être individualisé c’est-à-dire adapté aux conditions de vie du patient;
- être simple et compréhensible ;
- être réalisable et acceptable ;
- être sûr et sans risques ;
- offrant de bons résultats à court et long terme.
Un régime alimentaire équilibré assure un apport suffisant en substances nutritives (protéines, lipides, hydrates de carbone, vitamines, minéraux, fibres alimentaires et eau). À titre préventif, il convient également d’être attentif au bon choix des graisses. La «sévérité» du régime alimentaire est déterminée par la gravité de l’obésité et par l’objectif visé.
Un régime hypocalorique (déficit énergétique de 500 kcal par jour) permet d’obtenir une perte de poids d’un demi kilo par semaine. Un journal soigneusement tenu à jour permet de déceler bon nombre d’erreurs et de proposer des corrections adaptées individuellement.
Un schéma journalier proposé avec des exemples de menus quotidiens pour une valeur énergétique donnée, de 1 600 kcal par exemple, ne tient pas compte des besoins individuels et peut mener à des erreurs.
En cas d’obésité (I.M.C. > 30) et pour un traitement à court terme, on peut opter pour un VLCD (Very Low Calorie Diet) avec des substituts de repas hypocaloriques, (800 kcal/jour), une alimentation riche en protéines, suppléée en vitamines et minéraux.
La réduction rapide de poids motive le patient. Mais cette méthode doit toujours s’accompagner d’un encadrement et d’un suivi intensif, notamment du contrôle de la balance hydrique.
Ces régimes spécifiques ne représentent à long terme aucun avantage par rapport à une thérapie diététique classique.
Dans le cadre d’un régime hypocalorique sévère (LCD = moins de 1200 kcal) sur base d’une alimentation classique, il n’est pratiquement pas possible de tenir compte de la quantité recommandée pour tous les vitamines et sels minéraux. Une supplémentation en un complexe de vitamines et minéraux s’avère alors aussi indispensable.
L’éducation alimentaire du patient par le (la) diététicien(ne) comprend un apprentissage des notions suivantes:
- Les valeurs énergétiques des produits alimentaires avec une attention particulière accordée aux boissons alcoolisées et aux boissons rafraîchissantes.
- La valeur nutritionnelle de l’alimentation (protéines, lipides, hydrates de carbone, fibres, minéraux tels calcium et fer, vitamines, …) et des différents repas.
- Sont riches en sucres lents et en fibres, les produits céréaliers complets tels le pain et le riz complets ainsi que les légumineuses.
- Sont pauvres en calories mais riches en vitamines, minéraux et oligo-éléments, tous les légumes et la plupart des espèces de fruits.
- Le choix de produits alimentaires hypocaloriques et de produits light.
- Les modes de préparation qui utilisent peu de graisse.
- Les tailles des portions. Apprendre à utiliser de petites portions.
- L’interprétation correcte des informations figurant sur les emballages.
- L’hydratation.
Une prescription diététique doit comporter les données suivantes :
- Les données d’identification;
- Le poids – la taille – éventuellement l’I.M.C., l’évolution pondérale;
- La nature de la problématique (type d’obésité);
- Les pathologies associées (hypercholestérolémie, problèmes endocriniens);
- Les antécédents;
- Les activités/la profession (afin de pouvoir calculer les besoins énergétiques);
- En présence d’une pathologie spécifique, joindre éventuellement une valeur biologique (cholestérolémie, glycémie, uricémie);
- La médication: modérateurs de l’appétit, corticostéroïdes;
- La problématique psychosociale;
- L’attente du généraliste: perte de poids de ……… (accords concrets autour des objectifs);
- D’autres mesures diététiques éventuelles :
- restriction sodique
- régime pauvre en acides gras saturés en cas d’hyperlipidémie – limitation de la consommation d’alcool.
L’activité physique: indicateur important du traitement
L’association de conseils diététiques, de conseils comportementaux et d’activités physiques est plus efficace dans la réduction de poids et le maintien de ce poids que chacun de ces traitements pris séparément.
La perte pondérale est surtout provoquée par le régime alimentaire.
L’augmentation continue de l’activité physique est surtout importante pour maintenir la réduction pondérale.
L’augmentation de l’activité physique exerce également une influence positive sur :
- La composition du corps : la masse corporelle “sans graisse” augmente (muscles) et la masse graisseuse diminue
- La répartition des graisses : la quantité de graisse abdominale diminue ;
- Les capacités cardio-respiratoires (VO2max) s’améliorent ;
- Le risque de diabète et d’affections cardio-vasculaires diminue;
- Le bien-être général du patient augmente.
Chez les patients obèses, l’augmentation de l’activité physique se fait de préférence progressivement.
Il convient d’examiner préalablement s’il n’existe pas des facteurs de risques cardio-vasculaires, d’affections pulmonaires, de troubles métaboliques et/ou d’affections ostéo-articulaires ou musculaires.
Les lésions musculaires et/ou articulaires et les événements cardio-vasculaires sont des effets secondaires potentiels d’une augmentation de l’activité physique.
L’exercice physique ne se limite pas uniquement aux sports.
Il importe aussi que le patient obèse intègre autant que possible son activité physique dans sa vie de tous les jours (opter pour les escaliers plutôt que pour l’ascenseur, se déplacer à pied ou à vélo pour se rendre au magasin au lieu de prendre la voiture, …) et limite les « activités sédentaires » (regarder la TV…).
Se promener trois fois par semaine durant une demi-heure constitue un point de départ réaliste. Ensuite, on pourra accroître l’intensité (marche plus rapide – brisk walking) et la fréquence (presque tous les jours de la semaine) de cette activité.
L’objectif visé à long terme est que le patient produise presque chaque jour de la semaine, durant 30 minutes, un effort physique modéré (marcher, nager, rouler à vélo, … )
Traitement de l'enfant - Recommandations d'experts
Selon les recommandations d’experts, le traitement comprendra une association d’interventions (EBM niveau C) avec pour but la modification des comportements de toute la famille (ANAES 2003, SIGN 2003, IKEDA 2001, BARLOW 1998, AFERO 1998) :
Modification des comportements alimentaires :
- Conseils diététiques pour adapter les apports énergétiques à l’âge et au sexe de l’enfant et pour promouvoir une alimentation saine et variée (pas de régime restrictif) ;
- Modifier les habitudes alimentaires et agir sur les comportements conduisant à des prises alimentaires interprandiales ;
- Agir sur le comportement des parents vis-à-vis des enfants : ne pas utiliser la nourriture comme récompense.
Lutte contre la sédentarité (< 2 h/jour) :
- Réduire le temps consacré aux activités sédentaires (TV, jeux vidéos) quotidiennes et ce pour toute la famille, ne pas allumer la télévision pendant les repas, les enfants ne doivent pas disposer d’un poste de télévision ou d’un ordinateur dans leur chambre.
- Encourager les activités physiques (> 30 min/jour) : augmenter l’activité physique générale quotidienne (aller à l’école à pied ou à vélo, prendre les escaliers et non les ascenseurs), favoriser les activités sportives structurées en dehors de l’école et selon les goûts de l’enfant (cours de natation, clubs de sport, danse, …), les activités de jeux d’extérieur (mouvements de jeunesse, …) et les activités moins structurées comme les promenades en famille.
La prise en charge de l'obésité infantile
La prise en charge de l’obésité infantile doit s’inscrire dans la durée. Il ne faut pas s’attendre à observer des changements rapides.
Un soutien régulier est donc nécessaire pour encourager l’enfant et sa famille et pour rediscuter des conseils de vie saine.
Les différentes consultations permettront également d’évaluer la réponse au traitement en contrôlant, d’une part, les mensurations, et d’autre part en discutant des modifications comportementales obtenues.
Les objectifs seront réévalués.
Selon les avis d’experts, l’enfant sera vu tous les mois pendant les 6 premiers mois, ensuite le rythme des consultations sera adapté en fonction de l’évolution (ANAES 2003).
Fréquence de contrôle:
- Le poids – mensuelle
- La taille et le tour de taille – trimestrielle
L’ IMC sera calculé et reporté sur la courbe de corpulence.
Un suivi d’au moins 2 ans est recommandé (ANAES 2003).
Le médecin traitant est le point central de la prise en charge (BARLOW 1998, ANAES 2003).
Une prise en charge interdisciplinaire est parfois nécessaire. Le médecin traitant peut alors s’aider d’autres professionnels médicaux (spécialistes pédiatres, …), paramédicaux (diététiciens, kinésithérapeutes, psychologues), scolaires ou sociaux (ANAES 2003).
Astuces
Formations
Publications
RMG
- Petite clinique – « Comme un bibendum publicitaire » (janv 2017)
- Grande journée WAPI (mars 2015) – Chirurgie bariatrique
- Enjeux de la nutrition en médecine générale (nov 2013)
- MG&Gastro-entérologie – Chirurgie bariatrique majeure et absorption des médicaments (janv 2014)
- MG&Chirurgie – Dossier chirurgie bariatrique – « Une opération pour maigrir: entre rêve et cauchemar, la réalité » (nov 2013)
- MG&Nutrition – Bypass gastrique: quel suivi nutritionnel? (nov 2013)
- MG&Enfant – Quand un enfant est en surpoids (fév 2005)
GPC
- L’ obésité chez l’enfant (janv 2007)
- Surcharge pondérale et obésité chez l’adulte (janv 2006)
Travail de fin d’études
- Végétarisme – Végétalisme chez l’adulte et chez l’enfant: quel impact sur la santé? (F. Bastogne, UCL, 2016)
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