Quelques chiffres et avis

  • Que sait-on de la prévalence de la dépression en Belgique ?
  • Ce qu’en disent
    • l’OMS
    • le KCE
    • la HAS française
  • Suicide
  • Burn-out
  • L’initiative de la FAMGB, la Fédération des associations de généralistes de Bruxelles : un Livre noir sur la santé mentale

Que sait-on de la prévalence de la dépression en Belgique ?

La dernière édition de l’enquête nationale sur la santé des Belges (2013), conduite à intervalles réguliers par l’ISP, l’Institut scientifique de santé publique, indique que 15 % de la population âgée de 15 ans et plus présente des symptômes pouvant évoquer la présence d’un trouble dépressif(1). L’ISP signale que :

  • cela représente une hausse sensible par rapport aux chiffres obtenus en 2008 (10 %). La plus forte augmentation est observée parmi les jeunes femmes de 15 à 24 ans (de 7 % en 2008 à 21% en 2013) ;
  • la prévalence des troubles dépressifs semble moins élevée avant 45 ans et entre 65 et 74 ans (12-13 %), tandis qu’elle s’élève à quasi 17 % chez les 45-64 ans et atteint 19 % chez les 75 ans et plus ;
  • les femmes sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes à manifester des symptômes dépressifs (18 % contre 12 %) ;
  • on compte 27 % de personnes affectées dans le groupe de population présentant le niveau de scolarité le plus faible, 16-17 % dans les classes intermédiaires et 10 % dans le groupe des plus instruits.

Toujours lors de cette même enquête, 16 % de la population a rapporté avoir, dans les deux semaines précédant l’interview, consommé un ou plusieurs médicaments psychotropes : 13 % des gens ont pris un sédatif, près de 8 % des antidépresseurs. L’utilisation d’une médication psychotrope est plus courante l’âge avançant, ainsi que chez les femmes (20 %, contre 12 % des hommes).

Si la consommation de somnifères et tranquillisants est stable au fil des éditions de l’enquête nationale, il y a progression de la prise d’antidépresseurs : ils étaient consommés par 9,5 % de femmes en 2013, contre 5,2 % en 1997, et par 5,6 % des hommes en 2013, contre 2,5 % en 1997.

L’INAMI a enregistré, ces dernières années, une augmentation continue du nombre de DDD d’antidépresseurs (defined daily doses, doses journalières définies) délivrées en officines : de 164 millions en 2011 à près de 185,8 millions en 2015.

(1) l’ISP désigne, par troubles dépressifs, le concept général de «syndrome dépressif» dont les principaux traits sont : changements au niveau de l’humeur ou de l’affect, diverses baisses (de l’énergie, du niveau d’activité générale, de la capacité à ressentir du plaisir et de l’intérêt pour les choses, de la concentration) et fatigue injustifiée.

Dépression et incapacité de travail

Difficile d’extrapoler à l’ensemble du monde du travail, mais signalons toutefois qu’un rapport officiel sur les causes médicales de l’absentéisme chez les fonctionnaires fédéraux en 2016 fait état d’une progression des « maladies liées au stress », groupe dans lequel est classée la dépression. En 2016, ces affections restent de nouveau largement la première cause d’absentéisme parmi les fonctionnaires et représentent 32,2 % de la durée totale des absences, dixit le rapport. Cette valeur est la plus élevée observée depuis le début des études de ce type dans le secteur (2008).

Avec nos remerciements au SPF Santé publique pour son aide dans la composition de cette page de statistiques.

Ce qu’en disent l’OMS / le KCE / la HAS française

L’OMS (données 2017) :

La dépression touche plus de 300 millions de personnes à l’échelle de la planète. C’est la première cause d’incapacité dans le monde.
On dénombre chaque année près de 800.000 patients dépressifs qui meurent en se suicidant. Bien qu’il existe des traitements connus et efficaces, moins de la moitié des personnes affectées dans le monde en bénéficient.

La dépression est l’une des pathologies prioritaires visées par le programme d’action mhGAP de l’OMS (Combler les lacunes en santé mentale). L’organisation lui a consacré sa journée mondiale de la santé 2017.

Elle propose sur son site diverses recommandations, par exemple sur l’usage des antidépresseurs chez les adultes souffrant de dépression, la durée du traitement, les psychothérapies…

Le KCE :

En 2014, à la demande du SPF Santé publique, le Centre fédéral d’expertise dans les soins de santé (KCE) s’est penché sur la place à réserver à la psychothérapie dans la prise en charge de la dépression. Il a conclu que l’option à privilégier est une combinaison psychothérapie + antidépresseurs.
Pour le KCE, si le patient n’adhère pas à cette proposition de combinaison, c’est la psychothérapie qui doit être proposée en premier choix. Le KCE la dépeint comme au moins aussi efficace que les médicaments à court terme, et même plus efficace à long terme.

Le rapport est disponible en anglais ; une synthèse existe en français.

La HAS française :

Fin 2017, la Haute Autorité de Santé (HAS) a édité de nouvelles recommandations de bonne pratique sur la prise en charge des épisodes dépressifs de l’adulte en soins de premier recours. Elles tendent à une meilleure identification des patients concernés, à l’amélioration de leur qualité de vie et à la prévention du risque suicidaire.

Suicide

Avec un taux de suicide de près de 19 pour 100.000 habitants, la Belgique se situe au-dessus de la moyenne européenne, estimée à 12 pour 100.000 habitants.
Il y a en toute vraisemblance une sous-estimation du nombre réel de suicides.

En Belgique, en 2014, 1.896 Belges ont mis fin à leurs jours (dont 721 en Wallonie et 121 à Bruxelles). Cela représente, en moyenne, près de six suicides tous les jours.

Burn-out

En général, on perçoit le burn-out, ou « épuisement professionnel », comme un problème lié au stress dans l’environnement de travail. La dépression est un phénomène plus complexe qui affecte tous les domaines de l’existence, pas uniquement la sphère professionnelle. Néanmoins, dans les faits, le burn-out et la dépression peuvent être liés.
Fin 2017, Securex, le prestataire de services RH, a livré le verdict d’une étude auprès de quelque 1.550 travailleurs belges. Entre 2014 et 2017, le nombre de collaborateurs présentant un risque accru de burn-out est passé de 10 à 17 %. Ce sont les 35-39 ans qui y sont les plus exposés. En cause, l’excès de stress au travail ; à la clef, un nombre croissant d’absents de longue durée.

Santé mentale à Bruxelles

La FAMGB, la Fédération des associations de médecins généralistes bruxellois, a publié en mars 2018 un « Livre noir de la santé mentale à Bruxelles ».

Il s’agit d’un recueil de témoignages fournis par les MG eux-mêmes, qui voient défiler dans leurs cabinets un nombre impressionnant de patients mentalement fragiles. La capitale concentre en effet une série de facteurs de risque pour la souffrance psychique : grande pauvreté, immigration, carences dans le logement, dans l’enseignement… Les médecins généralistes sont les interlocuteurs vers lesquels se tournent ces patients en souffrance, parce qu’ils sont accessibles financièrement et disponibles – alors que nombre de structures spécialisées en santé mentale sont débordées. Le Livre noir est un cri d’alerte. Il reflète l’engagement de la médecine générale à soigner les troubles de santé mentale, mais aussi son cruel sentiment d’impuissance et d’isolement quand il s’agit de trouver un appui spécialisé dans des délais utiles pour gérer un cas lourd. L’ouvrage se conclut par 12 suggestions adressées aux décideurs pour améliorer la prise en charge, dans une optique de collaboration entre les différents acteurs et milieux de soins concernés. L’une d’elle est d’aligner les moyens sur les besoins. Un Libre blanc, avec des propositions détaillées, suivra en 2019.

En 2019, la FAMGB a publié un « Livre blanc de la santé mentale à Bruxelles ». Se voulant un outil de référence, il fixe aux autorités compétentes trois priorités : créer une cellule d’appui psychologique sur tout le territoire bruxellois et accessible à tous les professionnels de première ligne, une concertation autour et avec le patient plutôt que de discuter autour de groupes de travail chronophages et, enfin, améliorer la collaboration entre généralistes et hôpitaux.

Pour recevoir un exemplaire du Livre noir ou du Livre blanc, contactez la FAMGB, par téléphone : 02/379.03.33, ou par mail : famgb@famgb.be.