L’Observatoire de la santé du Hainaut (OSH) est un organisme provincial chargé d’une mission de promotion de la santé et de prévention. Depuis 1997, il compile à intervalles réguliers des statistiques issues de plus de 50 sources pour dresser le portrait sanitaire de la province. L’édition 2013 de ce « tableau de bord », parue début de semaine, confirme comme les précédentes que le Hainaut est terre sanitairement peu privilégiée. Même si l’espérance de vie a sensiblement progressé, le taux de mortalité y demeure supérieur à la moyenne belge, ce qui se solde annuellement par 2.300 décès excédentaires. Les maladies non transmissibles se taillent la part du lion dans les causes de mortalité : affections cardiovasculaires (30% des décès), cancers (24%), pathologies respiratoires (10%)…
Les maladies cardiovasculaires accusent toutefois un net repli, et 50% de celui-ci peut être imputé à la prévention, se félicite l’OSH. Cela étant, pour faire émerger des modes de vie favorables, ne faisant pas le lit des maladies chroniques, il faudrait travailler sur les conditions de vie. Car le rapport 2013 confirme – si besoin en était encore – que les déterminants sociétaux impactent lourdement le bulletin de santé d’une population. Exercice révélateur : l’OSH a superposé deux cartes, celle des revenus et celle de la mortalité par commune. Une surmortalité se dessine dans les entités les plus pauvres, courant le long de l’ancien axe industriel Borinage-Charleroi.
Un maillage en MG moins serré
Cette situation sociale et sanitaire moins reluisante, associée au vieillissement démographique généralisé, est de nature à amplifier la demande en soins. L’offre médicale en Hainaut pourra-elle l’absorber ? S’appuyant sur des chiffres Inami (et non sans émettre des réserves quant à la totale fiabilité de ce comptage), l’OSH annonce une densité, fin 2012, de 1 médecin généraliste par 700 habitants. Dans le reste de la Wallonie, on est plutôt à 1 pour 586 habitants. Les arrondissements de Ath et de Mons restent les plus denses en MG (1 par ± 630 hab.) ; à l’autre bout de l’échelle figurent les régions d’Ath et Mouscron (1 par ± 760 hab.).
Des 1.901 MG répertoriés dans les tablettes inamiennes, seuls 66% atteignent 500 contacts par an. La moitié a plus de 55 ans (ailleurs en Wallonie, la proportion n’est « que » de 46,5%). On répertorie 11 communes sans MG sous la barre des 40 ans. Et plus de 60% des MG hennuyers de moins de 40 ans sont des femmes. L’OSH avertit, sauf installation soudaine et massive de renforts, du risque d’une baisse de l’offre, d’où problèmes d’accessibilité à une médecine de proximité dans certaines zones.
Les champions de la visite
L’enquête nationale de santé 2008 indique que 95% des Hennuyers déclarent avoir un MG attitré. Le voient-ils souvent ? Ils semblent dans la moyenne nationale, qui tourne autour des 4,2-4,5 contacts par an. L’OSH pointe toutefois une proportion notable de visites à domicile (VAD). Bien que celles-ci reculent entre 1997 (date du 1er tableau de bord OSH) et 2012, passant de 2,73 VAD/hab./an à 1,66, elles n’en demeurent pas moins plus nombreuses que dans le reste de la Belgique (1,21 en moyenne). A l’inverse des VAD, les consultations au cabinet du médecin progressent, en règle générale, en Belgique, mais moins vite en Hainaut, où elles demeurent 20% moins fréquentes.
L’OSH, faisant toujours écho à des statistiques de l’Inami, rapporte encore un taux de pénétration du DMG dans la moyenne wallonne (300 DMG par MG hennuyer, 292 en Wallonie) mais sous la moyenne nationale, tirée vers le haut comme on le sait par la Flandre (466). Pour 2012, l’Inami a remboursé 19.694 DMG+ en Hainaut (pour 63.086 en Wallonie (*).
(*) on lira à ce propos dans La Revue de la Médecine Générale de décembre 2013, un article sur une récente étude de l’OSH et de la SSMG sur les pratiques préventives des MG en Hainaut et du DMG+.
Mise en ligne : 31/01/2014