Article publié le 2021-06-15 à 10:38

Les ados doivent-ils être vaccinés contre la COVID-19 ?
Oui, non ou peut-être ?

Si la vaccination des enfants de moins de 16 ans n’est pas encore envisagée (des analyses scientifiques et éthiques complémentaires sont en cours à ce sujet), la vaccination des 16-17 ans, elle, a reçu le feu vert des différentes autorités. Ils pourraient donc être vaccinés avant le début de la prochaine année scolaire. Vous risquez d’être confrontés à l’incompréhension et à la méfiance de certains patients. Pour vous aider, nous vous avons préparé une vue sur la situation actuelle de ce groupe cible, ainsi que la position de la SSMG à ce sujet.

La décision de se faire vacciner est laissée à l’appréciation des jeunes
En vertu de la loi sur les droits des patients, ces jeunes sont autorisés à décider eux-mêmes de se faire vacciner, le consentement des parents n’est pas nécessaire. Il est utile d’informer correctement les jeunes afin qu’ils puissent faire un choix éclairé.

Un bénéfice individuel limité
Jusqu’ici, force est de constater que les 16-17 ans n’ont majoritairement développé que des formes bénignes de la maladie. Seuls les jeunes souffrant de certaines maladies chroniques (liste CSS idem que pour les adultes) ou considérés comme étant en surpoids voire obèses (IMC > 30) sont plus prédisposés à faire une forme sévère de la COVID-19. La vaccination de ce sous-groupe est donc considérée comme prioritaire. Même si une forme sévère de la COVID-19 est inhabituelle dans cette tranche d’âge, il serait néanmoins logique d’adopter le principe de précaution en les vaccinant afin d’éviter des résultats rares mais tragiques. À noter que, s’il devait émergeait un variant provoquant des formes sévères de la maladie au sein de ce groupe, leur vaccination deviendrait une priorité.

Qu’en est-il du bénéfice collectif ? Difficile à justifier ou nécessité pour atteindre l’immunité collective ?
Il est établi que les adolescents ont des contacts sociaux plus nombreux que leurs aînés (1). Deux hypothèses s’opposent ici :

  • Une fois que la toute la population adulte sera vaccinée, la circulation du virus serait souhaitable au sein de la population plus jeune car elle conduirait à une infection primaire au début de la vie et être suivie de réexpositions de rappel tout au long de l’âge adulte.
  • La vaccination des ados pourrait réduire la circulation du virus et protéger les plus âgés et plus vulnérables en limitant leur (ré)exposition au virus (2). De plus, une immunisation des ados par le vaccin mènerait plus rapidement à une immunité collective.

La SSMG soutient le choix de vacciner les 16-17 ans car ils arrivent dans le groupe des adultes, ont de nombreux contacts intergénérationnels et se déplacent beaucoup. Pour les plus jeunes, la discussion sera ouverte en temps voulu.

L’apparition des nouveaux variants peut-elle changer la donne ?
Certains ont émis l’hypothèse que le virus pourrait trouver auprès des jeunes un point d’appui pour muter et devenir encore plus nocif. Mais l’idée que les adolescents non vaccinés pourraient constituer un réservoir de mutation n’est acceptée par tout le monde.
Avec l’arrivée des nouveaux variants déjà identifiés et ceux qui risquent fort d’apparaitre encore, la lutte contre cette pandémie nécessite que tout le monde puisse être vacciné et qu’une surveillance continue de la gravité de la maladie soit réalisée afin de permettre si nécessaire une adaptation rapide de la stratégie de vaccination.

Ariane Peters

Sources :

British Medical Association, article publié le 13/05/2021 dans thebmj

(1) J Mossong, Poules N, Jit M, et al. Contacts sociaux et modèles de mélange pertinents pour la propagation des maladies infectieuses. PLoS Med 2008 ; 5 : e74 . doi: 10.1371/journal.pmed.0050074 pmid: 18366252

(2) Hilton J ,Keeling MJ. Incorporer la structure des ménages et la démographie dans les modèles de maladies endémiques. Interface JR Soc 2019 ; 16 : 20190317. doi: 10.1098/rsif.2019.0317 pmid: 31387486