Article publié le 29/04/2021
Des données limitées suggèrent une contagiosité moindre des personnes vaccinées contre la Covid-19
Lors de la mise en circulation des vaccins comme Pfizer, Moderna ou AstraZeneca, leurs fabricants avaient reconnu que les effets ce ceux-ci sur les contaminations devaient encore faire l’objet d’études.
Depuis lors, nous avons un certain recul sur la vaccination et, dans les pays qui ont actuellement les plus hauts taux de vaccination (Israël, États-Unis ou Royaume-Uni notamment), on observe une corrélation avec la diminution du nombre de cas.
Selon les premières données scientifiques, l’effet des vaccins sur la contagiosité, et donc la transmission du virus, ouvrirait la perspective de parvenir à faire chuter le nombre de personnes qui contractent la maladie, même de façon asymptomatique.
Un taux élevé de vaccination n’est évidemment pas la seule donnée qui influe sur le nombre de contaminations (il y a bien sûr les autres mesures comme la limitation des contacts rapprochés, le port du masque, etc.) mais les résultats de certaines études vont dans ce sens.
Le 20/04, le RAG (Risk Assessment Group) a publié un nouvel avis portant sur « l’impact de la stratégie de vaccination sur les mesures en place pour les tests et la quarantaine ».
Le RAG y a abordé les exceptions possibles à la quarantaine d’un point de vue scientifique : les données limitées de l’effet de la vaccination sur la transmission suggèrent un effet réel mais partiel, dans le contexte actuel de circulation élevée du virus et de forte pression sur le système de soins de santé, avec une couverture vaccinale croissante mais encore faible et des effets des VOC encore peu clairs. Il semble en effet évident que les infections asymptomatiques soient moins contagieuses que les symptomatiques (1). Les vaccins contre la Covid-19 prévenant des infections symptomatiques ont donc automatiquement un impact sur la transmission du virus. De plus, plusieurs études suggèrent une charge virale moindre chez les personnes contaminées après avoir reçu une 1ère dose d’un vaccin à ARN messager (2). Comme il semble y avoir une corrélation entre la charge virale et le risque de transmission (3) mais, si les infections contractées par des personnes vaccinées avec une 1ère dose semblent moins transmissibles, ces personnes peuvent néanmoins propager le virus sans le savoir. A ce stade, le preprint des études écossaises et israéliennes tendent à démontrer cette évidence. Nous y reviendrons plus loin dans cet article.
Dans cet avis du RAG, qui sera réévalué dans un mois en tenant compte de toute nouvelle donnée sur la transmission après vaccination, de la situation épidémiologique générale et de l’augmentation de la couverture vaccinale en Belgique, voici les points à noter en relation avec le sujet qui nous intéresse ici :
- Les premiers résultats obtenus dans d’autres pays confirment que la vaccination joue un rôle clé dans la réduction de la circulation du virus mais que, compte tenu des connaissances encore limitées sur l’effet de la vaccination sur la transmission, les mesures préventives générales telles que la distance physique et le port du masque dans les lieux publics continuent de s’appliquer aux personnes déjà vaccinées.
- Néanmoins, il y a de plus en plus de données montrant que la vaccination a également un effet sur la transmission. Cependant, la protection est partielle et peut dépendre du type de vaccin, de l’âge et des maladies préexistantes de la personne vaccinée ainsi que des variants du virus en circulation. Tant que la couverture vaccinale est faible dans les groupes à haut risque, des exceptions à la quarantaine ne peuvent être accordées aux personnes qui ont déjà été vaccinées dans les situations décrites ci-dessous.
Sur cette base, des changements limités ont été apportés dans la section « vaccination » de Sciensano. Ces changements de recommandation portent sur les sous-groupes dans lesquels un taux élevé de vaccination est déjà atteint :
- Le personnel vacciné des MR/MRS où le taux de vaccination est d’au moins 90 % chez les résidents et d’au moins 70 % chez le personnel peut continuer à travailler après un contact à haut risque.
- D’autres prestataires de soins vaccinés sont encore fréquemment en contact avec des patients non vaccinés. Pour eux, l’exception à la quarantaine s’applique UNIQUEMENT si cela est nécessaire pour la continuité des soins (voir conditions).
Des données limitées suggèrent en effet une contagiosité moindre des personnes vaccinées. Cependant, la protection semble être incomplète, la couverture vaccinale dans les groupes à risque est actuellement faible et la pression dans les hôpitaux reste élevée. En général, les mêmes règles s’appliquent aux personnes vaccinées qu’aux personnes non vaccinées. Vous trouverez des informations détaillées dans l’avis du RAG. Cet avis sera réévalué à la fin du mois de mai.
Que disent les études au sujet de l’impact de la vaccination sur la transmission du virus ?
Des études, souvent encore au stade de preprint, commencent à être publiées à ce sujet. Celles-ci indiquent que les vaccins, outre une efficacité déjà prouvée dans la prévention des cas symptomatiques, pourraient également avoir un impact positif sur la transmission du virus et donc une diminution des contaminations.
Source : Our World in Data
Outre les études que nous passerons en revue plus loin, les pays les plus avancés dans leur campagne de vaccination (l’Israël notamment) montrent des courbes de contamination en nette baisse, ce qui laisse également penser que les vaccins sont efficaces dans la prévention des contaminations.
L’Israël, qui a débuté sa campagne de vaccination fin décembre 2020 avec le vaccin Pfizer, est actuellement en tête du classement avec plus de 60% de sa population ayant reçu une dose de vaccin et plus de 50% ayant déjà reçu deux doses. Cette couverture vaccinale avancée leur a permis d’enregistrer une baisse drastique du nombre de cas de Covid-19 :
Source : Our World in Data
La campagne de vaccination en Israël a également fait l’objet d’une étude publiée le 24/02/2021 dans le New England Journal of Medicine. Les résultats de cette étude indiquent que le vaccin Pfizer/BioNtech a un impact positif en sur la transmission du virus puisque, après l’injection des deux doses, il réduit le risque d’infections asymptomatiques de 90%. En d’autres termes, le vaccin diminue jusqu’à 90% le risque pour une personne vaccinée contre le Covid-19 de contaminer une autre personne.
Dans son communiqué de presse du 11/03/2021, Pfizer annonçait également que l’efficacité de son vaccin était d’au moins 97% contre les cas symptomatiques de COVID-19, les hospitalisations, les hospitalisations graves et critiques et les décès. En outre, l’analyse a révélé une efficacité vaccinale de 94% contre les infections asymptomatiques du SRAS-CoV-2 (ce qui a un effet direct sur la transmission).
Une étude publiée le 10/03/2021 dans le Oxford Academic Journal, porte quant à elle sur les deux vaccins à ARN messager autorisés actuellement : Pfizer/BioNtech et Moderna. Les données récoltées au travers de cette étude portent sur 39.000 patients ayant reçu au moins une dose de l’un des deux vaccins et montrent que le risque d’être porteur asymptomatique du virus est réduit de 80% dès la première injection
Le 17/12/2021, la FDA (US Food and Drug Administration) publiait un document sur le vaccin Moderna qui tend à démontrer que les infections asymptomatiques diminuaient dès l’injection de la 1ère dose du vaccin Moderna.
En ce qui concerne les vaccins à vecteur viral, les essais cliniques réalisé par les fabricants montrent également une efficacité dans la prévention des infections asymptomatiques après la vaccination : 74% pour le vaccin Johnson & Johnson / Janssen et 50-67% pour AstraZeneca.
(1)
- Qiu X, Nergiz AI, Maraolo AE, Bogoch II, Low N, Cevik M. Defining the role of asymptomatic and pre-symptomatic SARS-CoV-2 transmission – a living systematic review. Clinical Microbiology and Infection [Internet]. 2021 Jan 21 [cited 2021 Jan 28]; Available from: http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1198743X21000380
- Li F, Li Y-Y, Liu M-J, Fang L-Q, Dean NE, Wong GWK, et al. Household transmission of SARSCoV-2 and risk factors for susceptibility and infectivity in Wuhan: a retrospective observational study. The Lancet Infectious Diseases [Internet]. 2021 Jan 18 [cited 2021 Jan 25];0(0). Available from: https://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(20)30981-6/abstract
- Byambasuren O, Cardona M, Bell K, Clark J, McLaws M-L, Glasziou P. Estimating the extent of asymptomatic COVID-19 and its potential for community transmission: Systematic review and metaanalysis. Official Journal of the Association of Medical Microbiology and Infectious Disease Canada. 2020 Dec 11;e20200030.
- Buitrago-Garcia D, Egli-Gany D, Counotte MJ, Hossmann S, Imeri H, Ipekci AM, et al. Occurrence and transmission potential of asymptomatic and presymptomatic SARS-CoV-2 infections: A living systematic review and meta-analysis. PLOS Medicine. 2020 Sep 22;17(9):e1003346.
(2)
- Levine-Tiefenbrun M, Yelin I, Katz R, Herzel E, Golan Z, Schreiber L, et al. Decreased SARS-CoV2 viral load following vaccination. medRxiv. 2021 Feb 8;2021.02.06.21251283.
- Petter E, Mor O, Zuckerman N, Oz-Levi D, Younger A, Aran D, et al. Initial real world evidence for lower viral load of individuals who have been vaccinated by BNT162b2. medRxiv. 2021 Feb 8;2021.02.08.21251329.
(3)
- Kawasuji H, Takegoshi Y, Kaneda M, Ueno A, Miyajima Y, Kawago K, et al. Transmissibility of COVID-19 depends on the viral load around onset in adult and symptomatic patients. PLOS ONE. 2020 Dec 9;15(12):e0243597.
- Marks M, Millat-Martinez P, Ouchi D, Roberts C h, Alemany A, Corbacho-Monné M, et al. Transmission of COVID-19 in 282 clusters in Catalonia, Spain: a cohort study. The Lancet Infectious Diseases [Internet]. 2021 Feb 2 [cited 2021 Feb 18];0(0). Available from: https://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(20)30985-3/abstract