30/03/2023

L’UEMO (Union Européenne des Médecins Omnipraticiens / Médecins de Famille) a publié le 28/03 des recommandations pour recruter et surtout garder les jeunes médecins en médecine générale. Nous vous proposons ci-dessous une version traduite de ce texte, mais vous pouvez retrouver le texte original (en anglais) sur leur site.

Comme l’a déjà souligné l’UEMO, les preuves scientifiques au niveau international indiquent que les systèmes de santé basés sur des soins de santé primaires efficaces, avec des professionnel·les hautement qualifié·es travaillant au sein de la communauté, fournissent des soins de meilleure qualité et plus rentables que les systèmes peu axés sur les soins de santé primaires.

Dans les années à venir, les besoins en soins médicaux augmenteront considérablement en raison du vieillissement de la population, de l’augmentation de la charge des maladies chroniques, des retards dans les services dus à la pandémie de COVID-19 et des attentes croissantes des utilisateur·ices des services de santé.

Malheureusement, la médecine générale n’est pas une carrière attrayante pour les jeunes médecins, et de nombreux médecins de famille expérimentés souhaitent quitter la profession, prendre une retraite anticipée ou réduire leur temps de travail. La pénurie de main-d’œuvre en médecine générale exerce une pression inutile sur les soins secondaires et détourne l’attention des médecins hospitaliers des patient·es qui ont réellement besoin de soins en milieu hospitalier.

L’UEMO appelle à une meilleure planification stratégique du personnel de santé et de soins et à un investissement dans les soins de première ligne pour changer cette situation. Cela inclut :

  • Une rémunération adéquate compte tenu de la complexité du travail et des responsabilités assumées par les MG ;
  • Des avantages non financiers tels que la reconnaissance, la valorisation et le respect des MG, c’est-à-dire non seulement diagnostiquer et traiter les patient·es, mais aussi valoriser l’activité préventive ;
  • Des conditions de travail sûres, avec une tolérance zéro à l’égard de la violence ;
  • L’augmentation du temps de consultation pour les patient·es, nombre limité de contacts avec les patient·es au cours d’une journée de travail, nombre limité de patient·es par MG – pour garantir la sécurité clinique ;
  • L’organisation du nombre total de patient·es par médecin en fonction d’indicateurs de complexité de la population et un suivi continu de ces indicateurs ;
  • Des conditions de travail flexibles qui favorisent l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et la conciliation avec la vie familiale (un grand nombre de MG sont des femmes) ;
  • Des possibilités de développement professionnel.

Certains des principaux facteurs favorisant la rétention des médecins dans les régions rurales et sous-développées ont été classés dans différentes catégories, telles que les facteurs financiers, professionnels et de carrière, les conditions de travail, les facteurs personnels, culturels et les conditions de vie.

Par conséquent, des mesures supplémentaires devraient être envisagées pour les zones rurales et isolées (souvent connues sous le nom de déserts médicaux), où il peut être particulièrement difficile de recruter et de retenir les MG :

  • La création d’un groupe de travail ou d’un organisme national chargé d’étudier les facteurs contribuant à l’apparition d’un désert médical ;
  • La mise en place d’incitations supplémentaires pour les MG dans les déserts médicaux (par exemple, plus d’avantages sociaux et des salaires plus élevés) ;
  • Le suivi régulier de la santé de la population, du personnel de santé et des indicateurs de soins de santé dans les déserts médicaux à l’aide de systèmes d’information nationaux et locaux ;
  • La modernisation de la prestation des soins de santé par l’offre de contrats pour des cabinets de MG mobiles qui peuvent couvrir des zones étendues et peu peuplées ;
  • L’élaboration de programmes de formation pour la santé rurale ;
  • La création de réseaux professionnel·les pour les consultations et le travail d’équipe en ligne ;
  • La formation des travailleur·euses de la santé à l’utilisation de la technologie de la télémédecine (par exemple, l’échographie mobile de poche).

Nous ne devons pas oublier qu’il faut attirer les nouveaux médecins vers la médecine de famille en utilisant le langage qu’ils connaissent le mieux et en répondant à leurs attentes, afin de s’assurer qu’ils restent motivés.

Ils ont un désir fondamental de participer activement au changement du statu quo de la pratique médicale.

Il ne faut donc pas oublier le parcours d’implantation et de formation dans le domaine des nouvelles technologies, ainsi que la possibilité de concilier la pratique clinique avec le travail académique et la recherche.

Cette nouvelle génération de médecins partage un grand nombre d’objectifs avec les générations précédentes. Ils accordent simplement plus d’importance à certains objectifs qu’à d’autres et le point commun consiste à garantir un environnement propice à la croissance, à la collaboration, à la transparence et aux résultats. Pour que les jeunes médecins soient plus enclins à choisir une carrière en médecine familiale, il est nécessaire de développer une stratégie nécessitant le consensus de tous·tes les acteur·ices concerné·es : décideur·euses, patient·es et médecins.