La cellule nutrition de la SSMG pousse les MG à mettre le nez dans l’assiette de leurs patients, avec tact, messages concis et … persévérance. Oui, l’alimentation, c’est leurs oignons ! Son déséquilibre a trop de conséquences pour être délaissé. La cellule s’emploie à (r)éveiller l’intérêt des membres.
La cellule nutrition de la SSMG existe dans sa forme actuelle depuis fin 2011. Quatre MG, dont deux nutritionnistes, y phosphorent en compagnie d’une diététicienne également active au sein du RLM-B, le réseau local multidisciplinaire de la capitale.
Danielle Moens, la responsable de la cellule, ouvre grand la porte à des renforts, si d’aventure des généralistes manifestaient un intérêt plus que ponctuel pour la discipline. Car c’est bien là le problème, d’après le Dr Moens : une certaine désaffection pour la discipline. « Beaucoup de généralistes vous diront : ‘la nutrition, ce n’est pas mon travail !’, alors que les interconnexions avec les diététiciens sont possibles et souhaitables. »
En pratique…La cellule nutrition vous propose :
Contact : Dr Danielle Moens |
Pour Danielle Moens, la nutrition doit retrouver sa place en première ligne, et sans tarder. Les généralistes ont déjà été, de facto, dépossédés de cette compétence par l’éclosion soutenue de cliniques du poids et autres centres spécialisés. « Que ces structures traitent l’obésité sévère, les cas complexes, soit. Mais en amont, le médecin de famille a toujours un rôle important à jouer. Sensibiliser son patient pour éviter d’en arriver, là, justement. »
Messages courts, mais répétés
C’est, dit-elle, par l’angle du surpoids, de l’obésité, qui font le lit de pathologies chroniques, que les généralistes vont pouvoir amorcer la question de l’alimentation avec leurs patients. La cellule leur propose des messages minimaux à répercuter en consultation. Il en existe sur le site de la SSMG, onglet cellules spécifiques, section nutrition, comme par exemple ces fiches pratiques sur la composition de l’assiette idéale, les bons réflexes face aux graisses notamment en cas d’hypercholestérolémie ou d’hypertriglycéridémie, l’alimentation du patient insuffisant rénal non terminal,la promotion de l’activité physique, les sources et apports conseillés en vitamine D…
« C’est rapide, résumé, clef-sur-porte », prévient la responsable, « parce que nous savons pertinemment que, dans une consultation de médecine générale, on a des tas d’autres points à aborder. Ces messages de base, il faudra les répéter. Le généraliste entreprend là un travail de persuasion de longue haleine. Il doit conscientiser le patient. Quand celui-ci est mûr, prêt à changer de façon durable ses habitudes alimentaires, c’est le moment de l’orienter vers un diététicien ou un nutritionniste. »
A ce propos, la responsable de la cellule appelle de ses vœux des formations en nutrition qui soient officiellement reconnues, et valorisables.
Les services et outils de la cellule
- Ce qui existe
Outre les fiches mises à disposition en ligne, la cellule nutrition répond aux éventuelles questions des confrères.
Ses membres se réunissent régulièrement pour parcourir la littérature, triant, analysant, sélectionnant … histoire de disposer d’infos correctes. Ce qui n’a rien d’un luxe dans un domaine – un marché, peut-on dire – saturé par des conseils pseudoscientifiques, des raccourcis publicitaires, des croyances qui ont la peau dure. La cellule lutte par exemple contre les régimes restrictifs farfelus. « Ils font énormément de dégâts car ils confèrent la fausse impression de gérer son surpoids. Or, celui-ci n’est pas un problème ponctuel, les gens doivent comprendre qu’il nécessite un suivi permanent. Au final, ces régimes auront généré carences et frustrations ! » La cellule met à disposition des arbres décisionnels tirés des recommandations de l’HAS, la Haute autorité de santé française.
- Ce qui est déjà programmé
Une Grande Journée axée sur les enjeux de la nutrition en médecine générale se tiendra le 23 novembre à Wépion. « On va y parler alimentation équilibrée, surpoids, troubles comportementaux, dénutrition de la personne âgée, travail en réseau… », énumère Danielle Moens. Le programme détaillé peut être consulté ici.
- Ce qui est dans le pipeline
La cellule caresse l’espoir d’un jour envoyer aux membres de la SSMG, par newsletter, un digest régulier de ce qu’elle repère en passant régulièrement au crible la littérature.
Elle aimerait aussi produire des outils didactiques ciblant la patientèle, beaux et pratiques, que les médecins pourraient utiliser en consultation pour appuyer leurs messages.
En attendant la concrétisation de ces supports, il est toujours possible de recommander à votre patientèle de faire un crochet par le site d’informations médicales vulgarisées que la SSMG édite à l’attention du grand public, dans une logique d’empowerment : mongeneraliste.be. Les articles touchant à l’alimentation n’y manquent pas et un tout récent dossier, « Vivre en paix avec son poids », tente de réconcilier les gens avec leur balance, même si l’aiguille est légèrement dans le rouge.
Malbouffe et surexploitation des ressourcesA titre personnel, Danielle Moens prête une attention particulière à deux combats. Celui contre le fléau de la malbouffe, dont la morsure est plus cuisante chez les populations précarisées qui se dirigent vers des aliments hypercaloriques de piètre qualité nutritionnelle, pour ne pas écrire néfastes. « A nous de glisser des conseils pour lutter contre ses méfaits », dit-elle, « d’autant qu’il est possible de se nourrir correctement sans se ruiner, en misant sur les fruits et légumes de saison, en faisant la part belle aux produits laitiers, œufs, légumineuses… » Second cheval de bataille, faire passer l’idée qu’un steak tous les jours est un faux besoin. « Suggérer de lever le pied sur la consommation de viande, c’est contrer l’exploitation à outrance, donc l’appauvrissement, de la planète. C’est contribuer à la santé des générations futures dans le respect de l’environnement. C’est aussi notre rôle de médecins, je crois. » |